Pour une plongée en douceur dans la fantasy
Un conte d’une justesse et d’une douceur plus qu’agréables. Cette nouvelle est écrite dans un français impeccable, à la fois simple et aux champs lexicaux intelligemment élaborés. Rien à dire, Didier Fédou manie les mots avec talent et humilité.
Moi qui ne suis pas facilement emballé par le registre fantasy, je me suis laissé happer par cette histoire à la saveur aigre-douce. Aigre par le thème qu’elle soulève, par la négligence et le manque de considération de ceux-là même qui devraient donner l’exemple, et douce par l’optimisme suggéré, la dose d’espoir qu’il existe bel et bien quelque chevaliers bienveillants, martyres exemplaires.
Avec Le cueilleur de mousses, vous découvrirez un village des plus modeste, le cliché rassurant des ses artisans et de sa structure sociale et, bien-sûr, sa dose de mystère en la personne de ce jeune homme solitaire et incompris. Une vie de solitude, certes, mais surtout une vocation, vous le comprendrez au fil du texte. C’est là un des talents de l’auteur, de vous immerger dans un univers et une ambiance méticuleusement échafaudés. On visualise tout dès les premières lignes : la forêt et sa vie foisonnante, ses senteurs généreuses, ses créatures, mais aussi l’isolement, l’amitié profonde, la symbiose et la tolérance d’êtres qui semblent se trouver précisément à leur place, puis l’amour et la sollicitude pour les plus faibles, efficacement mises en relief par l’obscurantisme et la méfiance de villageois ignares.
Sincèrement, il y a tout dans ce texte, à part peut-être un final moins attendu, plus osé. Malgré ce manque de surprise, je n’en reste pas moins séduit par cette plume et la sincérité qui en émane. Après avoir lu plusieurs nouvelles du même auteur, on ne sait jamais trop où l’on s’aventure, mais c’est à chaque fois un pari gagnant, pour un super moment de lecture. Merci pour ce vent de fraîcheur.
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L'Intemporel (Éditions) 