Jusqu’au cœur du Soleil, Elévation t.1, David Brin

Explosion gazeuse

Encore une petite déception. J’ai dû lire des textes trop qualitatifs (Herbert, Damasio, Blish, Egan…), si bien que mon niveau d’exigence est à présent assez haut. C’est chiant !
J’ai eu du mal à cerner le propos de ce roman. La 4e de couverture augurait pourtant un thème correspondant pile-poil avec mes goûts : l’évolution, les rapports interespèces, tout ça tout ça. Je m’attendais presque à un bijou d’inventivité digne de Robert Forward. Malheureusement, dans ce tome 1, cette promesse ne constitue qu’une vague toile de fond, peu et mal exploitée. Flûte ! Si on ne peut même plus se fier aux 4e de couverture, tout fout le camp.

Mais alors, de quoi cause donc ce livre ? me direz-vous.
Il s’agit davantage d’un thriller d’espionnage sur fond d’exploration spatiale. Intrigue plus ou moins politique entre divers représentants terrestres et extra-terrestres, enjeux hiérarchiques entre races supérieures et races affiliées, secrets, entraide… Les enjeux en question restent d’ailleurs bien mystérieux. On peine à comprendre où veut en venir l’auteur. Si l’objectif du déploiement de telles énergies et de parlotes diplomatiques n’est que l’attribution d’aides financières ou technologiques pour le voyage spatial, ben, tout cela me semble bien impersonnel et dénué d’âme. M’enfin, sans doute une question de sensibilité.
Brin articule son intrigue autour de plusieurs personnages clefs. Des humains, majoritairement, ainsi que d’autres espèces E.T. On s’attendrait donc à trouver une psychologie fouillée, des descriptions physiques frappantes par leurs différences et leur originalité, ou tout au moins des caractères et des chemins de vie bien affirmés, identifiés. Que nenni ! Grr, que ce gaspillage de potentiel m’énerve !
L’incapacité de l’auteur à nous partager alternativement le point de vue de l’un puis de l’autre est fort dommage. Je crois que cela aurait apporté toute la densité nécessaire à ce genre de scénario, presque en huis clos. Faire reposer une intrigue exclusivement sur ses protagonistes et ne pas fouiller ses personnages, ça ne passe pas ! On ne sait rien d’eux, ni ce qu’ils ont vécu, ni ce qu’ils ressentent. À peine l’auteur évoque-t-il leurs fonctions et recherches respectives. Tout cela reste très flou.
Ensuite, les descriptions de lieux (vaisseaux, espace…) n’ont absolument pas fonctionné avec moi ; j’ai pourtant un imaginaire assez blindé, mais là je ne me projetais absolument pas.
De même pour les concepts scientifiques abordés ; j’ignore si l’auteur a eu la flemme de vulgariser ou d’expliciter ses concepts afin de les rendre à peu près compréhensibles à un lectorat autre que ses copains astrophysiciens, ou bien s’il ne les a lui-même pas vraiment approfondis/expérimentés, mais en toute franchise, ce voyage m’a paru plus d’une fois improbable pour la simple et bonne raison que je n’en comprenais pas les mécanismes. D’autres auteurs ont su expliquer des concepts scientifiques autrement plus complexes au littéraire que je suis.

C’est la première fois que je fais l’effort d’écrire une chronique aussi négative (d’habitude je m’abstiens). Si l’on considère Jusqu’au cœur du soleil comme une introduction aux sept tomes suivants, alors oui, c’est une bonne introduction. Seulement, quand je lis un livre, je m’attends à une vraie histoire, dense et bourrée de réflexions ; en tant que tel, ce roman est largement insuffisant et ne m’incite pas à poursuivre l’aventure.
Si le style de l’auteur/du traducteur possédait une quelconque individualité, un caractère bien affirmé, cela aurait pu m’inciter à aller plus loin, mais non, décidément, rien n’a fonctionné, je me suis ennuyé d’un bout à l’autre.

Laisser un commentaire