Völva, Jérôme Camedescasse

Immersif

Après un recueil de Bradbury en demi-teinte, j’avais besoin de retourner aux basiques. Je lis peu, voire pas de fantasy, mais connaissant la qualité de la plume de Jérôme Camedescasse, j’étais plutôt serein.
Une recette gagnante à base de mythologie nordique, de sorcellerie, de guerriers pas franchement psychologues, de mouches, plein de mouches, et d’une filiation de Völvas totalement immersive.

L’efficacité de ce court roman tient évidemment à l’écriture soignée et recherchée de l’auteur ; une vraie richesse qui nous prouve – une fois n’est pas coutume – que les registres de l’imaginaire ont aussi le droit d’être « littéraires » (coucou JPJ) ^^
Mais ce n’est pas tout. L’univers créé et développé ici nous plonge sans ménagement dans les traditions et les rituels d’un peuple rustre, certes, mais non dépourvu d’honneur ni de morale (pour certains). Les dames, représentées par une Völva décrépie et par ses jeunes suivantes, en formation, sont dotées d’un esprit autrement plus pointu que celui des hommes qu’elles escortent afin de conjurer une malédiction. Un esprit et… des pouvoirs ! Ces sortilèges ne sortent pas bêtement du coffre à jouets d’un adolescent solitaire, non, mais se nourrissent de rites et de divinations tout à fait crédibles, tels qu’ils sont présentés.
Mon imaginaire s’est régalé, tant avec les descriptions des lieux que des scènes d’action, et les quelques saloperies que l’auteur inflige à ses personnages ont fait naître une certaine curiosité mal placée. Délectable !

Je sais trop combien le développement des personnages est l’un des points les plus difficiles pour un écrivain. Avec Völva, Jérôme Camedescasse réussit le pari de nous faire intégrer cette sororité à la fois sévère et aimante, où le trio de tête fait naître une empathie qui m’a moi-même surpris. Chapeau !

Foncez ! Tous les livres de l’auteur sont bons et celui-ci ravira les amateurs de fantasy nordique dark dark dark.